Le Blog des amis du musée départemental de la Résistance et de la Déportation de la Creuse

Retrouvailles entre anciens résistants, à l'occasion de la visite des Amis du Musée de la Résistance et de la Déportation de la Creuse à leurs homologues du Cher...

Homologues et même davantage : nos deux associations se réclament de la même Fédération, celle du Musée de la Résistance Nationale C'est d'ailleurs dans ce cadre que rendez-vous avait été pris entre nos délégués.

Pour les seize visiteurs creusois, tout a commencé comme une partie de campagne. Le car était spacieux et son conducteur nous a menés à bon port sans coup férir, mis à part (personne n'est parfait, pas même le GPS) quelques tâtonnements pour trouver le restaurant qui nous attendait ...

… au plan d'eau du Val d'Auron. Le soleil, si avare de ses rayons les jours précédents, était de la partie. C'est sur une terrasse au bord de l'eau que nous avons déjeuné, en prenant notre temps : le musée où nous étions attendus en début d'après-midi se trouvait tout près de ce lieu accueillant.

Inauguré en octobre 2010, et implanté dans le même bâtiment que les Archives Départementales, le Musée de la Résistance et de la Déportation du Cher accueille ses visiteurs dans un ensemble moderne aux proportions impressionnantes.

Ne soyons pas jaloux : les locaux du Présidial de Guéret, où nous devons bientôt nous installer, n'autoriseront probablement pas un affichage de même ampleur. Mais nous bénéficierons en revanche de la qualité attachée à un lieu historique.

À l'intérieur du bâtiment, nous nous trouvons face à une muséographie en rupture totale avec la classique organisation en panneaux et vitrines

Ce style prévaut aujourd'hui dans la plupart des espaces nouveaux ou en réaménagement. Les locaux du Présidial n'ont évidemment pas été conçus pour une telle démarche et si nous voulons nous y inscrire, nous rencontrerons sans doute de sérieux problèmes techniques. Mais nous devrons rechercher des solutions, sous peine de voir d'emblée notre musée rangé par la jeunesse dans la catégorie "objets poussiéreux".

Quelle que soit notre appréciation à ce sujet, nous sommes aussi venus pour profiter des richesses exposées à Bourges. Pour nous guider dans notre visite, nous bénéficierons des commentaires éclairés de deux guides : Jean-Claude BONNIN, professeur d'histoire, président de l'association du Cher et inlassable animateur des activités de mémoire dans le département, et Maurice RENAUDAT, ancien résistant, co-fondateur du musée.

Nous avons eu tout loisir de nous promener dans les deux grandes salles d'exposition où il y a en effet beaucoup de choses à découvrir. Suivant ses propres centres d'intérêt, chacun a pu s'attarder plus ou moins longuement devant des documents, des objets plus ou moins rares, ou écouter des témoignages diffusés sur des postes individuels par un système audio très élaboré installé dans le long couloir qui relie les deux salles..

En revanche, c'est sans doute le parti-pris muséographique qui a conduit à ne rédiger que des commentaires assez succincts, quelle que soit leur pertinence. Le visiteur isolé, s'il ne dispose pas déjà d'une connaissance historique suffisante de l'époque de l'occupation, n'y trouvera peut-être pas son compte.

Nous ne risquions pas un tel inconvénient : nos guides sont intervenus souvent pour nous donner tous les compléments d'information nécessaires.

Ce fut le cas par exemple pour la ligne de démarcation, qui traversait le département du Cher, rive droite en zone occupée, rive gauche en zone "libre". Sur le sujet, Maurice RENAUDAT est intarissable, enrichissant souvent ses commentaires de souvenirs personnels

Il a bien connu les barges semblables à celle qui est exposée ici. Utilisées pour traverser le Cher, elles devaient permettre à leurs passagers de gagner la zone non occupée.

Non sans risques ! On a connu malheureusement des passeurs peu scrupuleux qui s'intéressaient plus à l'argent que pouvait leur rapporter l'opération qu'à la survie de leurs passagers.. Et comme le rappelle la fenêtre éclairée au fond de la salle, les sentinelles de la Wehrmacht pouvaient ouvrir le feu à tout moment.

La visite terminée, nous nous sommes retirés dans une salle attenante. Nous souhaitions des précisions sur les conditions matérielles de réalisation d'un tel musée, c'est le but que nous poursuivons nous aussi. Nos hôtes ont répondu à un certain nombre de nos interrogations. Une aide précieuse, compte tenu bien sûr des différences liées à chaque contexte local. Ils disposent d'un espace plus important que le nôtre (500 m2) et outre la gratuité des lieux, la ville de Bourges, plus riche certes que Guéret, leur offre annuellement une subvention de 3500 Є. Nous n'aurons sans doute jamais les mêmes moyens.

Mais nous sommes tout de même revenus de Bourges heureux, gonflés à bloc et plus déterminés que jamais !

Jacques Durand